Des photos inedites (sur ce site) - Lyrics - TV Isa
Isabelle Boulay a toujours chante. Elle est le seul specimen connu a ce jour d’artiste ayant commence a chanter dans le ventre de sa mere. Ce qui valut a celle-ci une breve quoique fulgurante carriere de ventriloque. Des l’age de deux ans, elle se produit au Gourmet, le restaurant de ses parents, en reprenant « Agadou ». Plus fort que Jordy. Elle s’y produira jusqu’a l’age de 11 ans, se faisant meme payer par les clients pour interpreter des chansons de la grande Chantal Paris, de Claude François, Mireille Mathieu, Edith Piaf et meme Guy Mardel. Non, pas Guy Mardel. Les Quebecois la considerent comme la Renee Martel du coin, c’est tout dire. Mais si, Renee Martel, vous connaissez. Non ? Ah…
Oui, je sais, pour nous, francais, toutes ces stars quebecoises restent totalement inconnues alors que certains sont des demi-dieux dans leur pays, un peu comme Patrick Fiori, Garou ou Line Renaud ici, mais n’oubliez pas que vous visitez actuellement un site international.
Bref, Isabelle grandit dans une maison aux abords du Saint Laurent d’ou elle peut observer le mouvement violent des vagues de la mer contre les rochers par la fenetre du deuxieme etage. De celle du premier, de l’autre cote, on a une tres belle vue sur la grille du jardin et le magasin Bricolex d’en face.
Plus tard, elle prend des cours de judo, se met au point de croix et songe a devenir religieuse. Sauf que finalement, non. Moi aussi, j’ai arrete le judo assez tot. Elle s’interesse aussi a la cuisine. Sa specialite : le Porc aux canneberges et porto. Parce qu’au Quebec, Cranberry se dit canneberge. Et Cardigan, me demandez-vous ? Ca se dit gilet, je crois. Et Placebo ? Ben, Placebo.
Enfin, avant de partir etudier la litterature au CEGEP de Limoilou, ses amis l’inscrivent a un concours amateur au Festival de la chanson de Petite Vallee, car pour devenir une grande chanteuse a voix, il faut participer a des concours (voir pour cela les autres biographies de nos chanteuses a voix preferees). Elle y rencontre son futur manager qui la gratifie de phrases profondes telles que «Tu n'as pas le droit de priver les gens d'une telle voix», «Tu ne dois pas abandonner», « Je te raccompagne, ce soir ? ». Au CEGEP, elle decouvre l’univers de l’incontournable Jean-Pierre Ferland, du genialissime Michel Rivard et du remarquable Dan Bigras dont les chansons font partie des plus poetiques de la culture quebecoise. Si, si.
A 19 ans, alors que tout le monde s’accorde a dire que Boulay, c’est un vrai canon, elle participe au prestigieux Festival de la chanson de Granby, sponsorise par Flamby. Durant toute cette annee, elle ne rencontre que des vedettes : Guy Latraverse, Claude Leveillee et Andre Fortin, du groupe Les Colocs. Beaucoup l’envient et voudraient etre a sa place. Ou pas.
En 1992, elle fait la premiere partie de Bill Deraime au Dejazet. Autant dire le debut de la gloire, a tout juste 20 ans. Et c’est dans l’avion qui la conduit a Paris que deux evenements vont bouleverser sa vie : elle y voit pour la premiere fois « Le Bal des Casse-Pieds » d'Yves Robert, et elle y apprend la triste nouvelle du deces de Michel Berger. Elle decide alors de toujours chanter pour ceux qui sont loin. C'est pour ca qu'elle chante fort. Elle continue de tourner dans les MJC et les salles polyvalentes en piochant dans les classiques de Gerry Boulet – un homonyme –, de Luc « Cash City » de LaRocheliere, et de Leo Ferre. Elle fait meme choriste et passe en premiere partie de Laurence Jalbert, Richard Seguin et Claude Dubois, et va jusqu’au Nouveau Brunswick.
En 1994 elle remporte La Truffe d’Or de la semaine de la chanson a Perigueux. Elle enchaine avec Starmania. Il n’y a aucun lien entre la truffe et le role de Marie-Jeanne, assure-t-elle a la presse. Un jour, elle invente la poudre. Ah non, elle n’a pas invente la poudre, Isabelle Boulay.
Elle rencontre aussi Franck Langolff et tombe en amour avec sa chanson «Le Saule», ecrite plus de dix ans auparavant. Il a cru qu’il n’arriverait pas a la caser, celle-la. Peu apres, elle enregistre son premier album « Fallait pas » (rien a voir avec le film de Gerard Jugnot ni la chanson-generique de Renaud qui faisait a peu pres comme ça : "Fa-llait paaaas ! Ben ouais mais j’ai pas l’choix"). La critique tire sur l’album a boulets rouges avec des titres comme « Fallait pas, vraiment pas » ou encore « Fallait pas, quel boulet ! ». « Elle est bien boulee ! » comme dirait la celebre Mel C. qui n’est autre que ma soeur. Mais Isabelle, qui a garde son vrai nom pour la scene, ne se decourage pas.
En 1997, elle enregistre une chanson pour un concert de charite avec la chorale des enfants de Creteil, ce qui est plutot cool de sa part. Elle leur dedicace meme quelques invendus de son premier album. Puis arrive LE duo avec Serge « Napoleon » Lama sur le plateau de La Fureur, le jour de la Saint Valentin, quoi que ça n’ait pas de rapport. Et d’aventures en aventures, de trains en trains, de ports en ports … mais je m’eloigne.
C’est pourtant Michel Drucker, le plus grand VRP de la chanson quebecoise en France depuis longtemps (il a decouvert la grande Celine, a toujours encourage Fabienne Thibaut, Diane Tell, Ginette Reno, Felix Leclerc, Diane Dufresne ou encore Robert Charlebois, meme au plus bas de leur carriere), Michel Drucker donc qui en fait la mega-star qu’elle est maintenant. Elle passe dans TOUTES les emissions Tapis Rouge, y compris la speciale « Grandes Voix » avec Patrick Bruel en invite d’honneur (ce n’est pas une blague). Elle realise meme son reve dans l’une de ces emissions : a l’instar de Laam, Isabelle chante « Et maintenant » en duo avec Gilbert « Ca swingue vot’ truc » Becaud. Decidement, Monsieur 100 000 volts fait craquer la jeune generation.
Quelques aphorismes dont Isabelle a pu nous gratifier ici et la :
«Encore ce matin, j'etais dans un taxi et je me demandais juste quand je pourrais me permettre de nouveau de rouler ainsi, en allant nulle part, de planer. »
«La plenitude, c'est etre en soi mais ne pas penser a soi.»
«Je le sais, a peu pres toutes mes chansons parlent d'amour, mais moi je pense qu'a peu pres 99% du temps de notre vie, on parle d'amour. Parce que bon, l'amour ben quand on l'as pas, on en parle, on veut l'avoir. Quand on l'as, on a peur de le perdre... et des fois, on le perd et la ca va pas bien et on se dit, l'amour c'est fini, l'amour c'est pas fait pour moi... moi, je rentre chez les religieuses.. Moi, je suis devenu chanteuse mais... Parce que l'amour c'est un torrent, l'amour c'est une tempete, en fait l'amour, on le dit, c'est plus fort que nous et des fois, quand ca nous tombe dessus, «on en prend plein la gueule» (Presentation de «Et mon coeur en prend plein la gueule» lors de concerts.)
«Rencontrer une chanson, pour moi, c'est comme rencontrer une personne avec qui on sent avoir des affinites, avec qui on sait qu'on va developper, tisser des liens.»